Et si l’harmonie était au centre de tout ? Primo Mauridi nous montre avec « Mawe » !

Et si l’harmonie était au centre de tout ? Primo Mauridi nous montre avec « Mawe » !

Le 6 septembre 2024, l’Institut Français de Bukavu a accueilli une exposition saisissante intitulée « Mawe », signée par Primo Mauridi Jasmin, un photographe originaire de Goma. À travers cette exposition, Primo a partagé avec nous les racines profondes de son art, sa passion pour l’écologie et son désir de capturer l’essence de son pays à travers ses œuvres.

Primo Mauridi a débuté sa carrière artistique en 2013 en tant qu’adjoint au directeur artistique de l’organisation Hortensia. Rapidement, il a été sélectionné pour participer à la classe Africanfurism sous la direction de Petna Ndaliko, où il a créé « BilaMask », une œuvre marquante présentée au festival « Congo in Harlem » à New York. Ce succès a ouvert la voie à une carrière internationale florissante. En 2023, il représente la RD Congo aux IXes Jeux de la Francophonie, participe aux Rencontres internationales Paris/Berlin et se fait remarquer à la Biennale de Lubumbashi.

En parallèle, Primo devient le photographe attitré d’événements culturels de renom tels que le Hadisi Urban Festival et le Festikivu. En 2020, il prend la direction du département Photos et Vidéos du centre Yole! Africa et décroche une bourse d’étude de la Canon VII Académie à Paris.

« La photographie, c’est ma voix. C’est à travers l’objectif que je donne une voix à ceux qui n’en ont pas », confie-t-il.

« Mawe » : Un voyage ancestral et écologique

L’œuvre « Mawe », qui signifie « pierre » en kiswahili, se concentre sur les pierres volcaniques, la lave, symboles de transformation et de rites ancestraux autour des volcans. Inspiré par le volcan Nyiragongo, Primo réactualise ces rituels anciens, leur redonnant une place dans le paysage visuel moderne.

 « Mawe est un projet qui touche à l’écologie et aux rites ancestraux. Il mêle vidéo, numérique et photographie pour revisiter les mythologies de notre terre et les inscrire dans notre époque », explique-t-il au public présent lors de son exposé.

Primo explore des thèmes profonds tels que l’équilibre écologique et les liens entre les êtres vivants. À travers « Mawe », il raconte l’histoire de Nyabhingi, la déesse de l’abondance, qui, par un rituel de réveil, s’élève pour guérir Goma de la destruction causée par l’activité industrielle.

« Avec Mawe, j’ai voulu mettre en lumière la résilience de notre peuple face aux défis environnementaux. Les cérémonies autour du volcan sont un rappel de notre connexion profonde avec la nature », a-t-il souligné.

Révéler une autre facette du Kivu

Primo Mauridi utilise son art pour offrir une perspective différente sur le Kivu. Avec son projet « Résilience », il présente une série de portraits et de paysages montrant le courage et la dignité des habitants du Kivu. Exposée au Hadisi Urban Festival, cette série met en lumière la capacité de la population à survivre malgré les conflits et les défis.

 « Mon travail vise à redéfinir notre identité à travers l’art. Je veux que le monde voie le Kivu non seulement comme une zone de conflits, mais aussi comme une terre de beauté et de créativité », affirme-t-il.

À travers des œuvres comme « Surface », Primo utilise des éléments de la vie quotidienne pour créer des récits visuels puissants. En utilisant la peau comme matière première, il évoque la résistance à l’horreur des corps meurtris, rendant hommage aux histoires invisibles de sa communauté.

L’écologie au cœur de l’œuvre

L’écologie est un pilier central dans le travail de Primo. Avec « Mawe », il explore les impacts de l’activité humaine sur l’environnement.

« La nature est notre plus grand allié, mais aussi notre plus grand juge. À travers mes œuvres, je veux rappeler à chacun l’importance de protéger notre environnement, non seulement pour nous-mêmes, mais pour les générations futures », a-t-il répondu à une question d’un intervenant à cette exposition.

Le volcan, élément clé de « Mawe », incarne à la fois destruction et renaissance. Primo utilise des médias variés pour retracer les cérémonies ancestrales qui entourent le volcan, soulignant l’importance de la réconciliation avec la nature.

 « Le volcan est un témoin silencieux de notre histoire et de notre futur. Il incarne la puissance de la nature, mais aussi notre capacité à renaître de nos propres cendres », partage-t-il avec passion.

Une reconnaissance internationale méritée

Le travail de Primo ne connaît pas de frontières. En 2024, il est sélectionné pour participer à la 15e édition de la Biennale de Dakar et aux Rencontres de Bamako, Biennale Africaine de la Photographie, consolidant ainsi son statut d’artiste internationalement reconnu.

« Participer à ces événements me permet de partager notre histoire avec un public plus large et de créer des ponts entre les cultures. C’est une opportunité de montrer la diversité et la richesse de notre patrimoine à travers l’art », explique Primo.

Ses œuvres ont également été exposées à l’édition Ethereal Encounters à Dar es Salaam et aux Rencontres internationales des arts numériques et visuels d’Abidjan (RIANA). Ces plateformes offrent à Primo l’opportunité de connecter avec d’autres artistes et d’élargir son horizon artistique.

Vers un futur d’innovation artistique

Primo Mauridi se projette dans l’avenir avec l’envie de continuer à explorer de nouvelles formes d’art tout en restant fidèle à ses racines.

 « Mon but est de créer des œuvres qui résonnent avec les gens et qui suscitent des conversations importantes sur notre passé, notre présent et notre futur »,a-t-il dit au micro de Découvertose-Média.

Il aspire à développer des projets impliquant la communauté locale, utilisant l’art comme un vecteur de changement social. Il prévoit également de lancer des ateliers et des programmes de formation pour les jeunes artistes de Goma, afin de les encourager à raconter leurs propres histoires à travers l’art.

« L’art a le pouvoir de guérir et de rassembler. Je veux donner aux jeunes les moyens de raconter leurs propres histoires et de devenir les gardiens de notre héritage culturel », dit-il.

Redécouvrir Goma par l’art

L’exposition « Mawe » dépasse la simple collection de photographies ; c’est une invitation à redécouvrir Goma et ses environs sous un nouvel angle. En revisitant les rites ancestraux et en les intégrant dans un contexte moderne, Primo Mauridi nous pousse à réfléchir sur notre propre relation avec la nature et sur l’importance de préserver notre patrimoine culturel.

Primo conclut notre entretien sur une note d’espoir : « À travers l’art, je veux inspirer les gens à voir au-delà des difficultés et à reconnaître la beauté qui nous entoure. Même au cœur des défis, il y a toujours une possibilité de renouveau et de transformation. »

Avec « Mawe », Primo Mauridi continue de repousser les limites de l’art contemporain, tout en restant profondément ancré dans les traditions et les réalités de son pays natal. Son travail est un hommage vibrant à la résilience et à la créativité du peuple congolais, et un appel à l’action pour préserver la beauté de notre planète.

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