Thomas Lusango, connu sous plusieurs surnoms « Thom » pour les proches, une présence amicale et familière. Pour ses élèves, il est le « Maestro », un guide qui transmet passion et savoir. Mais pour ses parents, il restera toujours « Gurhigwa Lusango », un nom évocateur qui signifie « à ne pas imiter ». Ces noms reflètent la diversité et la profondeur de son parcours. Mais derrière ces appellations se cache un homme animé par une passion inébranlable. Mais qui est cet homme devenu une figure majeure de la scène culturelle à Bukavu ?
Originaire de Bukavu, Thomas Lusango est bien plus qu’un artiste, c’est un pionnier culturel, un bâtisseur de ponts entre l’art et la communauté. Après avoir obtenu un diplôme en ethnomusicologie à l’Institut National des Arts (INA) à Kinshasa en 2007, il revient dans sa ville natale en 2009, avec une vision claire : revitaliser la culture locale tout en lui offrant une place sur la scène internationale

Un parcours artistique unique
Thomas Lusango, se distingue par un parcours brillant et profondément impactant. En 2010, il lance le festival « Blues Blues du Kivu », une initiative ambitieuse pour sauvegarder la musique traditionnelle menacée. En 2013, avec le soutien de Kidogos et de Bernard Gilis, il enregistre l’album « Uko Wapi » en Belgique, mélangeant rythmes traditionnels et contemporains pour raconter l’histoire et les espoirs des peuples du Congo.
Directeur de la Rencontre Croisée de Loulanguistes, Thomas ne cesse de diversifier ses engagements. Chercheur avec Musicians Without Borders (MWB), il œuvre à la protection environnementale par la musique, tout en collaborant avec la GIZ comme consultant pour des recherches ethnographiques et ethnomusicologiques sur les Batwa.
Bénévole au Festival Amani depuis 2022, il est également mentor au sein du projet Voice 2rép d’Accountability Lab RDC, où il transmet son savoir aux jeunes artistes. Avec des talents qui embrassent la musique, le théâtre, le ballet et bien plus, Thomas Lusango est un modèle incontournable pour les nouvelles générations.
« Chaque note est une histoire, chaque chanson une mémoire collective », dit-il avec conviction.
NDARO Culture : un rêve devenu réalité
Convaincu que l’art doit être accessible à tous, il fonde en 2013 le centre culturel NDARO Art Culture à Bukavu. Ce lieu est devenu un espace de formation et d’expression pour de nombreux jeunes artistes de la région.
« Créer, c’est ouvrir une porte sur l’avenir », affirme Thomas, soulignant l’importance de donner aux artistes les moyens de se réaliser.
Et d’ajouter,
« Cet espace est une maison pour tous ceux qui croient au pouvoir de l’art pour changer des vies », précise-t-il.
Un artiste, mais aussi un pédagogue
Pour ses élèves, Thomas est bien plus qu’un formateur : il est un guide. Transmettant non seulement son savoir, mais aussi sa passion, il a su inspirer une nouvelle génération d’artistes à Bukavu. Doté d’un profond humanisme, il consacre également du temps aux enfants vulnérables, partageant avec eux des leçons de vie et des valeurs d’espoir. Ce travail lui vaut affectueusement le surnom de « Rasta », symbole de proximité et d’humanité.

« Être artiste, c’est bien plus qu’un métier, c’est une responsabilité envers sa communauté », affirme Thomas.
Un modèle à suivre
En véritable opérateur culturel, Thomas Lusango est aujourd’hui une référence à Bukavu. Son parcours illustre une conviction profonde : l’art peut changer des vies. Que ce soit par son travail avec l’association Clamue, ses projets locaux ou sa musique, il demeure un pilier pour la culture dans l’Est de la RDC.
Aujourd’hui, Thomas Lusango continue de poser cette question cruciale : « Comment la culture peut-elle devenir un moteur de changement dans des communautés fragilisées par les conflits ? » Sa vie, son œuvre et son engagement offrent une réponse inspirante à ceux qui croient encore au pouvoir transformateur de l’art.
« Gurhigwa Lusango » ? Peut-être pas à imiter, mais certainement à suivre.
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