Créée en 2023 par l’Institut Français de Bukavu, avec le soutien de l’Ambassade de France en RDC, La Pépinière s’impose comme un moteur de transformation pour les jeunes innovateurs du Sud-Kivu. Ce programme d’accompagnement vise à professionnaliser les talents dans les domaines de l’entrepreneuriat culturel, artistique, artisanal et social. Lors de la cérémonie de clôture de sa deuxième cohorte, ce samedi 7 décembre 2024, La Pépinière a démontré son impact grandissant, tout en révélant les défis qui jalonnent son chemin vers une durabilité accrue.
Depuis sa création, La Pépinière s’est imposée comme le programme emblématique de l’Institut Français de Bukavu, offrant aux jeunes entrepreneurs un cadre structuré pour développer des projets novateurs à caractère culturel et social. Son ambition est claire : rendre les opérateurs culturels indépendants et autonomes, leur permettant de vivre pleinement de leur art.
À travers des initiatives comme des espaces de travail équipés, un mentoring personnalisé, des formations approfondies, et des bourses de financement, La Pépinière propose une véritable chaîne de valeur pour le secteur des industries culturelles et créatives (ICC), une priorité stratégique dans une région où l’entrepreneuriat culturel reste sous-exploité.
Une ouverture pleine d’inspiration !
Lors de cette cérémonie de clôture, 9 projets incubés ont été mis en lumière, parmi lesquels 5 ont obtenu une bourse d’accompagnement et 4 une bourse d’accélération. Ces aides financières sont cruciales dans une région où les opportunités restent rares.
Le ton de la journée a été donné par le Coordinateur de La Pépinière, Héritier Mutimanwa, qui a chaleureusement accueilli les invités et les participants avec des mots d’encouragement. Ensuite, la slameuse Pascalina LINA MG a captivé l’audience avec une performance poétique émouvante, évoquant les défis et les victoires de l’entrepreneuriat

Les formateurs de cette cohorte n’ont pas été en reste. Nicole Menene, représentante des formateurs, a exprimé sa fierté d’avoir accompagné ces jeunes talents.
« Former ces jeunes créateurs d’emploi a été une immense joie. Ils incarnent le futur de notre province. C’est une immense joie de voir ces jeunes prêts à transformer leurs idées en actions », a-t-elle déclaré.
Témoignages inspirants de lauréats
Le moment fort de la cérémonie fut le témoignage vibrant du directeur de Kivu Mode Company,Salm Nzongana, un lauréat de la première cohorte. Il a décrit son parcours entrepreneurial comme « un voyage vers l’autonomisation », ajoutant que son expérience à La Pépinière lui a permis de concrétiser sa marque ZZWASA, désormais reconnue pour sa créativité et son impact local. Ce récit a éveillé chez les participants une lueur d’espoir, rappelant que les opportunités offertes par cet incubateur ne sont pas de simples promesses.

Pour Pax Chanwa, boursière de cette deuxième cohorte, l’obtention d’une bourse de 3 000 $ représente un véritable tournant.
« C’est une surprise, mais cela suffit pour lancer mon projet Eridienne », a-t-elle confié, visiblement émue. Sa gratitude reflète l’importance cruciale de ce soutien financier pour les jeunes entrepreneurs en quête de ressources.
De son côté, Justin Munguakonkwa Cihire, initiateur du projet « EDUCURE », dédié à l’éducation culturelle, a exprimé avec enthousiasme sa gratitude pour avoir reçu une bourse d’accélération de 5 500 USD dans le cadre de la deuxième édition de La Pépinière Incubateur. Son initiative innovante propose un apprentissage parascolaire des métiers de la musique, destiné aux enfants, afin de promouvoir l’épanouissement culturel dès le plus jeune âge.

« Ce soutien financier est une véritable opportunité pour concrétiser notre vision et élargir l’accès à une éducation artistique de qualité », a-t-il confié.
Ces histoires, mêlant passion et professionnalisme, illustrent parfaitement l’objectif central de La Pépinière : associer la passion et la finance pour transformer des amateurs en professionnels compétitifs.
Un secteur prometteur mais encore fragile
Le secteur culturel, qui représente 3 % du PIB mondial, regorge d’opportunités financières souvent négligées au niveau local. Pour le Sud-Kivu, La Pépinière cherche à structurer une véritable chaîne de valeur dans les industries culturelles et créatives, offrant aux entrepreneurs locaux un accès à des réseaux professionnels, à des programmes de mobilité artistique et à des outils de gestion performants.

Cependant, comme l’a rappelé la Directrice déléguée de l’Institut Français, la pérennité de cette initiative dépend fortement du soutien des bailleurs de fonds.
« Nous espérons organiser une troisième édition, mais cela dépendra des financements »
Elle enchérit ces propos devant la presse,
« En attendant, nous poursuivrons les échanges avec les candidats non retenus pour murir leurs projets », a-t-elle fait savoir.
Un incubateur aux ambitions durables
En seulement deux éditions, La Pépinière a prouvé qu’elle peut être un catalyseur de transformation pour les jeunes talents de Bukavu. Mais nous rappelons que pour y arriver à la pépinière collaborer avec d’autres incubateurs locaux et d’ailleurs.
Alors, La Pépinière est-elle une réponse durable ou une initiative fragile ? Les succès des deux premières cohortes offrent des raisons d’espérer, mais seule une vision à long terme, soutenue par des partenaires engagés, permettra à cette pépinière de continuer à fleurir. Une chose est certaine, les graines qu’elle plante aujourd’hui pourraient bien changer la donne pour toute une génération d’entrepreneurs culturels.
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