Ce vendredi 16 mai 2025, la salle CEDM de l’Université Évangélique en Afrique (UEA) a vibré au rythme de la parole engagée. À l’initiative de « Bukavu Slam Session / Passe-moi l’mike », en collaboration avec le collège des étudiants de l’UEA et la plateforme SLAM-ACTION, un panel de haut niveau a réuni des jeunes, des artistes, des activistes et des penseurs autour d’un thème brûlant d’actualité : « L’engagement des jeunes face à l’urgence climatique et la reconfiguration de la relation France-Afrique ».
Sous l’œil attentif d’un public composé de jeunes universitaires, de partenaires culturels et d’acteurs du changement, les échanges ont mêlé réflexion, émotion et performance artistique, avec un objectif, éveiller les consciences et inspirer l’action.
La cérémonie a été ouverte par Patricia KAMOSO, l’une des organisatrices principales de l’événement, qui n’a pas caché sa fierté devant la réussite de cette rencontre.

« C’est un honneur de voir autant de jeunes réunis, non pas pour se plaindre, mais pour s’informer, réfléchir et s’engager. Nous avons montré que la jeunesse congolaise est capable de poser des actes puissants par la parole et l’art », a-t-il dit.
Portée par l’énergie de la plateforme Slam-Action, l’initiative s’inscrit dans un projet global visant à rassembler les enfants du monde qui se ressemblent pour dire, agir, changer aujourd’hui et demain. Un slogan fort, résonnant avec le message du jour : la parole poétique peut être un acte de résistance et de transformation.
L’environnement : un enjeu vital et urgent
L’un des moments forts du panel a été l’intervention de Dorcas Bolese, Masterante en environnement, qui a dressée un tableau sans détour de la situation environnementale dans la région du Sud-Kivu :
« Nous sommes en train de perdre nos forêts, nos rivières et notre biodiversité à cause de l’exploitation abusive, du manque de politiques environnementales sérieuses et du silence complice de certains acteurs. Mais la jeunesse peut changer cela.»

Elle a appelé les jeunes à s’impliquer activement dans la protection de leur environnement : reboisement, consommation responsable, dénonciation des abus, création de projets écologiques.
« La planète n’attendra pas que nous soyons prêts. L’action doit être maintenant », a-t-elle insisté.
France-Afrique : une reconfiguration en marche
Le thème de la reconfiguration des relations France-Afrique, souvent tabou ou traité de manière diplomatique, a trouvé une expression nouvelle dans la bouche des jeunes slameurs. L’un d’eux, Basubiwa BASUBI, visiblement marqué par les débats, a confié à la fin de sa prestation :
« Pour moi, ce panel a été un déclic. J’ai compris que la reconfiguration France-Afrique, ce n’est pas juste politique. C’est aussi culturel, économique, identitaire. On doit se réapproprier nos histoires, nos récits, et surtout, nos responsabilité », s’exprime-il.
Sa performance poignante a exploré les paradoxes des relations entre les anciennes puissances coloniales et les jeunesses africaines : dépendance, stéréotypes, mais aussi possibilités de coopération respectueuse et équitable.
Une parole féminine affirmée
Parmi les participantes, Fortunée IRAGI, citoyenne engagée et jeune artiste, a pris la parole à la fin du panel pour partager son ressenti :
« Je suis heureuse d’avoir pris part à cette rencontre. L’urgence climatique ne concerne pas que les spécialistes ou les ONG. Elle nous concerne toutes et tous, dans nos maisons, nos champs, nos écoles. C’est aussi notre affaire », dit-elle.
Son témoignage a été salué par une salve d’applaudissements, preuve que la prise de conscience est en marche, au-delà des cercles traditionnels.

Le slam : un outil de conscience et d’union
Entre les discussions, des intermèdes artistiques ont permis à plusieurs slameurs et slameuses de la ville de faire vibrer la salle. Poèmes, mots en rafales, silences lourds de sens… Chaque performance a été une prise de position. Certains ont crié leur colère, d’autres ont évoqué l’espoir, mais tous ont montré que le slam pouvait être une arme pacifique, puissante et inclusive.
L’événement s’est clôturé dans une ambiance fraternelle, avec un appel général à continuer le travail de sensibilisation, de réflexion et d’engagement. Le projet « Passe-moi l’mike », désormais bien implanté à Bukavu, montre que les jeunes ne manquent ni d’idées ni de volonté.
Comme l’a dit Merou MEGAPHONE, modérateur du jour : « Ce n’est que le début. D’autres rencontres viendront, car nous devons continuer à dire, agir et changer. Pour notre environnement, pour nos relations internationales, pour nous-mêmes. »
A suivre: https://youtu.be/3e5vtNLOffA?si=l_dk8FlDX0aOWrQj
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