Qui est Jérémie Matabaro, un jeune qui fait vibrer la culture du Kivu ? (Interview)

Qui est Jérémie Matabaro, un jeune qui fait vibrer la culture du Kivu ? (Interview)

A Bukavu, certains jeunes refusent le silence et choisissent d’agir pour transformer leur réalité. Parmi eux, Jérémie Matabaro, une vingtaine d’années à peine, fait partie de ceux qui ont décidé de changer le narratif à travers les mots, la scène et les réseaux sociaux. Journaliste indépendant, maître de cérémonie et créateur de contenus, il est le fondateur d’Art du Kivu, un espace culturel qui se veut le miroir vibrant de l’Est du Congo.

Jeune, passionné et déterminé, Jérémie incarne cette génération qui croit que la culture peut devenir un moteur d’un avenir meilleur. Pour Jérémie, l’art et la culture peuvent contribuer non seulement à l’épanouissement des jeunes mais aussi à la cohésion pacifique dans notre région des grand-lacs longtemps déchirée par des conflits liées aux multiples guerres.

Dans cette interview exclusive accordée à Découvertose-Média, il revient sur son parcours, ses défis, ses convictions et sa vision d’un Kivu qui rayonne autrement.

Découvertose-Média : Bonjour Jérémie, et merci d’avoir accepté notre invitation.
Jérémie Matabaro : Bonjour cher journaliste, et salutations à toutes les lectrices et tous les lecteurs de Découvertose-Média !

Découvertose: D’où vient ton envie de raconter et de prendre la parole ?


Jéremie M. : J’ai commencé à l’EP Nyalukemba, puis à l’Institut de la Trinité où j’ai décroché mon diplôme d’État. Plus tard, je me suis lancé en communication à l’Université Officielle de Bukavu. C’est là que j’ai plongé dans les techniques de presse et des médias. J’ai fait des émissions étudiantes, participé à des ateliers de journalisme, écrit pour des blogs… Petit à petit, le micro est devenu mon outil pour donner une voix à ma génération.

Photo crédit Jéremie M.

D-M : Pourquoi avoir choisi le journalisme indépendant, et lancé Art du Kivu ?


JM : Parce que je voulais garder ma liberté. Art du Kivu n’est pas juste un média réactif : c’est une plateforme pour valoriser les artistes, la culture et les réalités du Kivu avec profondeur. Je voulais un espace qui propose et non seulement qui commente.

D-M : Qu’est-ce qui a été le plus dur dans ton parcours ?


J.M: Le manque de moyens, les critiques de ceux qui pensaient que je rêvais trop grand, et la nécessité de prouver ma valeur chaque fois. Être jeune, c’est souvent devoir se battre deux fois plus pour se faire respecter. Mais la constance, ça finit par payer.

D-M : Tu es aussi maître de cérémonie, comment ça s’est construit ?


JM : J’ai beaucoup observé et testé. J’ai appris à capter une ambiance, à improviser sans perdre le fil. Mon style, c’est un mélange entre la rigueur du journaliste et l’énergie d’un animateur.

D-M : Un souvenir marquant ?


JM : Un mariage dans un coin reculé du Sud-Kivu. La route était impraticable, l’électricité coupée… mais la joie du couple et la gratitude de la communauté m’ont marqué. Ce jour-là, j’ai compris que l’animateur est plus qu’un simple présentateur, il fait partie de la mémoire collective.

D-M : Tu es aussi très actif sur les réseaux sociaux. D’où est venue cette idée ?

JM : J’ai vu que beaucoup de jeunes passaient leur temps sur Facebook, TikTok, Insta… mais peu s’en servaient pour pousser des réflexions. J’ai commencé par des posts personnels, puis l’audience a grandi. Aujourd’hui, mes chroniques sont un espace de discussion autour de l’art, de la société et de notre identité.

D-M : Et côté projets ?


JM: Je coordonne Les « Éminents dans la lumière du savoir », pour mettre en avant des talents et valoriser la jeune fille à travers des concours scolaires. Je participe aussi à des événements de mode comme « Miss Kivu et Miss Excellence ». Pour moi, la mode et la culture ne sont pas que du divertissement, ce sont des leviers pour l’économie et l’emploi des jeunes.

D-M : Où te vois-tu dans 5 ans ?


JM : Je veux devenir un médiateur culturel reconnu, diriger un média influent de l’Est et soutenir des jeunes talents. Je veux que notre culture ait une place sur la scène africaine et mondiale.

D-M : Un mot pour les jeunes du Sud-Kivu qui hésitent encore à se lancer ?


JM : Soyez audacieux. N’attendez pas que tout soit parfait. Commencez avec ce que vous avez, apprenez chaque jour, connectez-vous aux autres, acceptez les erreurs et continuez. Le chemin est dur, mais la récompense est réelle.

Découvertose-Média : Et pour finir, Jérémie incarne bien cette jeunesse congolaise qui refuse le silence et choisit de raconter sa propre histoire. Nous vous remercions pour avoir répondu à cette invitation.

Jéremie Matabaro : C’est moi qui remercie le Decouvertose-Média pour la qualité de vos informations.

#Voix d’attraction

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